| Titre : |
Britannicus |
| Type de document : |
texte imprimé |
| Auteurs : |
Jean Racine (1639-1699), Auteur ; Guy Dumur (1921-1991), Autre ; Alain Viala (1947-....), Éditeur scientifique |
| Editeur : |
Paris : Librairie générale française |
| Année de publication : |
1986 |
| Collection : |
Le Livre de poche |
| Sous-collection : |
Le Livre de poche classique num. 6137 |
| Importance : |
160 p. |
| ISBN/ISSN/EAN : |
978-2-253-03795-8 |
| Prix : |
16,50 F |
| Langues : |
Français (fre) |
| Résumé : |
Acte I'>Scène 1'>AGRIPPINE, ALBINE ALBINE Quoi ' tandis que Néron s'abandonne au sommeil,Faut-il que vous veniez attendre son réveil 'Qu'errant dans le palais sans suite et sans escorte,La mère de César veille seule à sa porte 'Madame, retournez dans votre appartement. AGRIPPINE Albine, il ne faut pas s'éloigner un moment.Je veux l'attendre ici. Les chagrins qu'il me causeM'occuperont assez tout le temps qu'il repose.Tout ce que j'ai prédit n'est que trop assuré :Contre Britannicus Néron s'est déclaré.L'impatient Néron cesse de se contraindre ;Las de se faire aimer, il veut se faire craindre.Britannicus le gêne, Albine. et chaque jourJe sens que je deviens importune à mon tour. ALBINE Quoi ' vous à qui Néron doit le jour qu'il respire,Qui l'avez appelé de si loin à l'empire 'Vous qui, déshéritant le fils de Claudius,Avez nommé César l'heureux Domitius 'Tout lui parle, Madame, en faveur d'Agrippine :Il vous doit son amour. AGRIPPINE Il me le doit, Albine ;Tout, s'il est généreux, lui prescrit cette loi ;Mais tout, s'il est ingrat, lui parle contre moi. ALBINE S'il est ingrat, Madame ' Ah ! toute sa conduiteMarque dans son devoir une âme trop instruite.Depuis trois ans entiers, qu'a-t-il dit, qu'a-t-il faitQui ne promette à Rome un empereur parfait 'Rome, depuis deux ans1, par ses soins gouvernée,Au temps de ses consuls2 croit être retournée :Il la gouverne en père. Enfin, Néron naissantA toutes les vertus d'Auguste vieillissant. AGRIPPINE Non, non, mon intérêt ne me rend point injuste :Il commence, il est vrai, par où finit Auguste ;Mais crains que l'avenir détruisant le passé,Il ne finisse ainsi qu'Auguste a commencé3.Il se déguise en vain : je lis sur son visageDes fiers Domitius l'humeur triste et sauvage ;Il mêle avec l'orgueil qu'il a pris dans leur sangLa fierté des Néron qu'il puisa dans mon flanc.Toujours la tyrannie a d'heureuses prémices :De Rome, pour un temps, Caïus fut les délices ;Mais sa feinte bonté se tournant en fureur,Les délices de Rome en devinrent l'horreur.Que m'importe, après tout, que Néron, plus fidèle,D'une longue vertu laisse un jour le modèle 'Ai-je mis dans sa main le timon de l'ÉtatPour le conduire au gré du peuple et du sénat 'Ah ! que de la patrie il soit, s'il veut, le père ;Mais qu'il songe un peu plus qu'Agrippine est sa mère.De quel nom cependant pouvons-nous appelerL'attentat que le jour vient de nous révéler 'Il sait, car leur amour ne peut être ignorée, Que de Britannicus Junie est adorée,Et ce même Néron, que la vertu conduit,Fait enlever Junie au milieu de la nuit !Que veut-il ' Est-ce haine, est-ce amour qui l'inspire 'Cherche-t-il seulement le plaisir de leur nuire 'Ou plutôt n'est-ce point que sa malignitéPunit sur eux l'appui que je leur ai prêté ' ALBINE Vous, leur appui, Madame ' AGRIPPINE Arrête, chère Albine.Je sais que j'ai moi seule avancé leur ruine ;Que du trône, où le sang l'a dû4 faire monter,Britannicus par moi s'est vu précipiter.Par moi seule éloigné de l'hymen d'Octavie,Le frère de Junie abandonna la vie,Silanus, sur qui Claude avait jeté les yeux,Et qui comptait Auguste au rang de ses aïeux.Néron jouit de tout ; et moi, pour récompense,Il faut qu'entre eux et lui je tienne la balance,Afin que quelque jour, par une même loi,Britannicus la tienne entre mon fils et moi. ALBINE Quel dessein ! AGRIPPINE Je m'assure un port dans la tempête.Néron m'échappera, si ce frein ne l'arrête. ALBINE Mais prendre contre un fils tant de soins superflus ' AGRIPPINE Je le craindrais bientôt, s'il ne me craignait plus. ALBINE Une juste frayeur vous alarme peut-être.Mais si Néron pour vous n'est plus ce qu'il doit être, Du moins son changement ne vient pas jusqu'à nous,Et ce sont des secrets entre César et vous.Quelques titres nouveaux que Rome lui défère,Néron n'en reçoit point qu'il ne donne à sa mère.Sa prodigue amitié ne se réserve rien ;Votre nom est dans Rome aussi saint que le sien.À peine parle-t-on de la triste Octavie.Auguste votre aïeul honora moins Livie.Néron devant sa mère a permis le premierQu'on portât les faisceaux couronnés de laurier5.Quels effets voulez-vous de sa reconnaissance ' AGRIPPINE Un peu moins de respect, et plus de confiance.Tous ces présents, Albine, irritent mon dépit.Je vois mes honneurs croître et tomber mon crédit.Non, non, le temps n'est plus que Néron, jeune encore,Me renvoyait les v'ux d'une cour qui l'adore,Lorsqu'il se reposait sur moi de tout l'État,Que mon ordre au palais assemblait le sénat,Et que derrière un voile, invisible et présente,J'étais de ce grand corps l'âme toute-puissante.Des volontés de Rome alors mal assuré,Néron de sa grandeur n'était point enivré.Ce jour, ce triste jour frappe encor ma mémoireOù Néron fut lui-même ébloui de sa gloire,Quand les ambassadeurs de tant de rois diversVinrent le reconnaître au nom de l'univers.Sur son trône avec lui j'allais prendre ma place :J'ignore quel conseil prépara ma disgrâce ;Quoi qu'il en soit, Néron, d'aussi loin qu'il me vit,Laissa sur son visage éclater son dépit.Mon c'ur même en conçut un malheureux augure.L'ingrat, d'un faux respect colorant son injure,Se leva par avance, et courant m'embrasser,Il m'écarta du trône où je m'allais placera6.Depuis ce coup fatal, le pouvoir d'Agrippine Vers sa chute à grands pas chaque jour s'achemine.L'ombre seule m'en reste, et l'on n'implore plusQue le nom de Sénèque et l'appui de Burrhus. ALBINE Ah ! si de ce soupçon votre âme est prévenue,Pourquoi nourrissez-vous le venin qui vous tue 'Daignez avec César vous éclaircir du moins. AGRIPPINE César ne me voit plus, Albine, sans témoins.En public, à mon heure, on me donne audience ;Sa réponse est dictée, et même son silence.Je vois deux surveillants, ses maîtres et les miens7,Présider l'un ou l'autre à tous nos entretiens.Mais je le poursuivrai d'autant plus qu'il m'évite :De son désordre, Albine, il faut que je profite.J'entends du bruit ; on ouvre. Allons subitementLui demander raison de cet enlèvement.Surprenons, s'il se peut, les secrets de son âme.Mais quoi ' déjà Burrhus sort de chez lui 'Scène 2'>AGRIPPINE, BURRHUS, ALBINE BURRHUS Madame,Au nom de l'empereur j'allais vous informerD'un ordre qui d'abord a pu vous alarmer,Mais qui n'est que l'effet d'une sage conduite,Dont César a voulu que vous soyez instruite. AGRIPPINE Puisqu'il le veut, entrons : il m'en instruira mieux. BURRHUS César pour quelque temps s'est soustrait à nos yeux.Déjà par une porte au public moins connueL'un et l'autre consul8 vous avaient prévenue,Madame. Mais souffrez que je retourne exprès... AGRIPPINE Non, je ne trouble point ses augustes secrets.Cependant voulez-vous qu'avec moins de contrainteL'un et l'autre une fois nous nous parlions sans feinte ' BURRHUS Burrhus pour le mensonge eut toujours trop d'horreur. AGRIPPINE Prétendez-vous longtemps me cacher l'empereur 'Ne le verrai-je plus qu'à titre d'importune 'Ai-je donc élevé si haut votre fortunePour mettre une barrière entre mon fils et moi 'Ne l'osez-vous laisser un moment sur sa foi 'Entre Sénèque et vous disputez-vous la gloireÀ qui m'effacera plus tôt de sa mémoire 'Vous l'ai-je confié pour en faire un ingrat,Pour être, sous son nom, les maîtres de l'État 'Certes, plus je médite, et moins je me figureQue vous m'osiez compter pour votre créature,Vous, dont j'ai pu9 laisser vieillir l'ambitionDans les honneurs obscurs de quelque légion,Et moi qui sur le trône ai suivi mes ancêtres,Moi, fille, femme, soeur et mère de vos maîtres10 !Que prétendez-vous donc ' Pensez-vous que ma voixAit fait un empereur pour m'en imposer trois 'Néron n'est plus enfant : n'est-il pas temps qu'il règne 'Jusqu'à quand voulez-vous que l'empereur vous craigne 'Ne saurait-il rien voir qu'il n'emprunte vos yeux 'Pour se conduire, enfin, n'a-t-il pas ses aïeux ' Qu'il choisisse, s'il veut, d'Auguste ou de Tibère,Qu'il imite, s'il peut, Germanicus mon père.Parmi tant de héros je n'ose me placer,Mais il est des vertus que je lui puis tracer.Je puis l'instruire au moins combien sa confidenceEntre un sujet et lui doit laisser de distance. BURRHUS Je ne m'étais chargé dans cette occasionQue d'excuser César d'une seule action.Mais puisque sans vouloir que je le justifie,Vous me rendez garant du reste de sa vie,Je... |
Britannicus [texte imprimé] / Jean Racine (1639-1699), Auteur ; Guy Dumur (1921-1991), Autre ; Alain Viala (1947-....), Éditeur scientifique . - Paris : Librairie générale française, 1986 . - 160 p.. - ( Le Livre de poche. Le Livre de poche classique; 6137) . ISBN : 978-2-253-03795-8 : 16,50 F Langues : Français ( fre)
| Résumé : |
Acte I'>Scène 1'>AGRIPPINE, ALBINE ALBINE Quoi ' tandis que Néron s'abandonne au sommeil,Faut-il que vous veniez attendre son réveil 'Qu'errant dans le palais sans suite et sans escorte,La mère de César veille seule à sa porte 'Madame, retournez dans votre appartement. AGRIPPINE Albine, il ne faut pas s'éloigner un moment.Je veux l'attendre ici. Les chagrins qu'il me causeM'occuperont assez tout le temps qu'il repose.Tout ce que j'ai prédit n'est que trop assuré :Contre Britannicus Néron s'est déclaré.L'impatient Néron cesse de se contraindre ;Las de se faire aimer, il veut se faire craindre.Britannicus le gêne, Albine. et chaque jourJe sens que je deviens importune à mon tour. ALBINE Quoi ' vous à qui Néron doit le jour qu'il respire,Qui l'avez appelé de si loin à l'empire 'Vous qui, déshéritant le fils de Claudius,Avez nommé César l'heureux Domitius 'Tout lui parle, Madame, en faveur d'Agrippine :Il vous doit son amour. AGRIPPINE Il me le doit, Albine ;Tout, s'il est généreux, lui prescrit cette loi ;Mais tout, s'il est ingrat, lui parle contre moi. ALBINE S'il est ingrat, Madame ' Ah ! toute sa conduiteMarque dans son devoir une âme trop instruite.Depuis trois ans entiers, qu'a-t-il dit, qu'a-t-il faitQui ne promette à Rome un empereur parfait 'Rome, depuis deux ans1, par ses soins gouvernée,Au temps de ses consuls2 croit être retournée :Il la gouverne en père. Enfin, Néron naissantA toutes les vertus d'Auguste vieillissant. AGRIPPINE Non, non, mon intérêt ne me rend point injuste :Il commence, il est vrai, par où finit Auguste ;Mais crains que l'avenir détruisant le passé,Il ne finisse ainsi qu'Auguste a commencé3.Il se déguise en vain : je lis sur son visageDes fiers Domitius l'humeur triste et sauvage ;Il mêle avec l'orgueil qu'il a pris dans leur sangLa fierté des Néron qu'il puisa dans mon flanc.Toujours la tyrannie a d'heureuses prémices :De Rome, pour un temps, Caïus fut les délices ;Mais sa feinte bonté se tournant en fureur,Les délices de Rome en devinrent l'horreur.Que m'importe, après tout, que Néron, plus fidèle,D'une longue vertu laisse un jour le modèle 'Ai-je mis dans sa main le timon de l'ÉtatPour le conduire au gré du peuple et du sénat 'Ah ! que de la patrie il soit, s'il veut, le père ;Mais qu'il songe un peu plus qu'Agrippine est sa mère.De quel nom cependant pouvons-nous appelerL'attentat que le jour vient de nous révéler 'Il sait, car leur amour ne peut être ignorée, Que de Britannicus Junie est adorée,Et ce même Néron, que la vertu conduit,Fait enlever Junie au milieu de la nuit !Que veut-il ' Est-ce haine, est-ce amour qui l'inspire 'Cherche-t-il seulement le plaisir de leur nuire 'Ou plutôt n'est-ce point que sa malignitéPunit sur eux l'appui que je leur ai prêté ' ALBINE Vous, leur appui, Madame ' AGRIPPINE Arrête, chère Albine.Je sais que j'ai moi seule avancé leur ruine ;Que du trône, où le sang l'a dû4 faire monter,Britannicus par moi s'est vu précipiter.Par moi seule éloigné de l'hymen d'Octavie,Le frère de Junie abandonna la vie,Silanus, sur qui Claude avait jeté les yeux,Et qui comptait Auguste au rang de ses aïeux.Néron jouit de tout ; et moi, pour récompense,Il faut qu'entre eux et lui je tienne la balance,Afin que quelque jour, par une même loi,Britannicus la tienne entre mon fils et moi. ALBINE Quel dessein ! AGRIPPINE Je m'assure un port dans la tempête.Néron m'échappera, si ce frein ne l'arrête. ALBINE Mais prendre contre un fils tant de soins superflus ' AGRIPPINE Je le craindrais bientôt, s'il ne me craignait plus. ALBINE Une juste frayeur vous alarme peut-être.Mais si Néron pour vous n'est plus ce qu'il doit être, Du moins son changement ne vient pas jusqu'à nous,Et ce sont des secrets entre César et vous.Quelques titres nouveaux que Rome lui défère,Néron n'en reçoit point qu'il ne donne à sa mère.Sa prodigue amitié ne se réserve rien ;Votre nom est dans Rome aussi saint que le sien.À peine parle-t-on de la triste Octavie.Auguste votre aïeul honora moins Livie.Néron devant sa mère a permis le premierQu'on portât les faisceaux couronnés de laurier5.Quels effets voulez-vous de sa reconnaissance ' AGRIPPINE Un peu moins de respect, et plus de confiance.Tous ces présents, Albine, irritent mon dépit.Je vois mes honneurs croître et tomber mon crédit.Non, non, le temps n'est plus que Néron, jeune encore,Me renvoyait les v'ux d'une cour qui l'adore,Lorsqu'il se reposait sur moi de tout l'État,Que mon ordre au palais assemblait le sénat,Et que derrière un voile, invisible et présente,J'étais de ce grand corps l'âme toute-puissante.Des volontés de Rome alors mal assuré,Néron de sa grandeur n'était point enivré.Ce jour, ce triste jour frappe encor ma mémoireOù Néron fut lui-même ébloui de sa gloire,Quand les ambassadeurs de tant de rois diversVinrent le reconnaître au nom de l'univers.Sur son trône avec lui j'allais prendre ma place :J'ignore quel conseil prépara ma disgrâce ;Quoi qu'il en soit, Néron, d'aussi loin qu'il me vit,Laissa sur son visage éclater son dépit.Mon c'ur même en conçut un malheureux augure.L'ingrat, d'un faux respect colorant son injure,Se leva par avance, et courant m'embrasser,Il m'écarta du trône où je m'allais placera6.Depuis ce coup fatal, le pouvoir d'Agrippine Vers sa chute à grands pas chaque jour s'achemine.L'ombre seule m'en reste, et l'on n'implore plusQue le nom de Sénèque et l'appui de Burrhus. ALBINE Ah ! si de ce soupçon votre âme est prévenue,Pourquoi nourrissez-vous le venin qui vous tue 'Daignez avec César vous éclaircir du moins. AGRIPPINE César ne me voit plus, Albine, sans témoins.En public, à mon heure, on me donne audience ;Sa réponse est dictée, et même son silence.Je vois deux surveillants, ses maîtres et les miens7,Présider l'un ou l'autre à tous nos entretiens.Mais je le poursuivrai d'autant plus qu'il m'évite :De son désordre, Albine, il faut que je profite.J'entends du bruit ; on ouvre. Allons subitementLui demander raison de cet enlèvement.Surprenons, s'il se peut, les secrets de son âme.Mais quoi ' déjà Burrhus sort de chez lui 'Scène 2'>AGRIPPINE, BURRHUS, ALBINE BURRHUS Madame,Au nom de l'empereur j'allais vous informerD'un ordre qui d'abord a pu vous alarmer,Mais qui n'est que l'effet d'une sage conduite,Dont César a voulu que vous soyez instruite. AGRIPPINE Puisqu'il le veut, entrons : il m'en instruira mieux. BURRHUS César pour quelque temps s'est soustrait à nos yeux.Déjà par une porte au public moins connueL'un et l'autre consul8 vous avaient prévenue,Madame. Mais souffrez que je retourne exprès... AGRIPPINE Non, je ne trouble point ses augustes secrets.Cependant voulez-vous qu'avec moins de contrainteL'un et l'autre une fois nous nous parlions sans feinte ' BURRHUS Burrhus pour le mensonge eut toujours trop d'horreur. AGRIPPINE Prétendez-vous longtemps me cacher l'empereur 'Ne le verrai-je plus qu'à titre d'importune 'Ai-je donc élevé si haut votre fortunePour mettre une barrière entre mon fils et moi 'Ne l'osez-vous laisser un moment sur sa foi 'Entre Sénèque et vous disputez-vous la gloireÀ qui m'effacera plus tôt de sa mémoire 'Vous l'ai-je confié pour en faire un ingrat,Pour être, sous son nom, les maîtres de l'État 'Certes, plus je médite, et moins je me figureQue vous m'osiez compter pour votre créature,Vous, dont j'ai pu9 laisser vieillir l'ambitionDans les honneurs obscurs de quelque légion,Et moi qui sur le trône ai suivi mes ancêtres,Moi, fille, femme, soeur et mère de vos maîtres10 !Que prétendez-vous donc ' Pensez-vous que ma voixAit fait un empereur pour m'en imposer trois 'Néron n'est plus enfant : n'est-il pas temps qu'il règne 'Jusqu'à quand voulez-vous que l'empereur vous craigne 'Ne saurait-il rien voir qu'il n'emprunte vos yeux 'Pour se conduire, enfin, n'a-t-il pas ses aïeux ' Qu'il choisisse, s'il veut, d'Auguste ou de Tibère,Qu'il imite, s'il peut, Germanicus mon père.Parmi tant de héros je n'ose me placer,Mais il est des vertus que je lui puis tracer.Je puis l'instruire au moins combien sa confidenceEntre un sujet et lui doit laisser de distance. BURRHUS Je ne m'étais chargé dans cette occasionQue d'excuser César d'une seule action.Mais puisque sans vouloir que je le justifie,Vous me rendez garant du reste de sa vie,Je... |
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